Miracle des sites internet : on y trouve toutes les citations et aphorismes que l’on veut sans posséder ni mémoire ni culture.
Magie des aphorismes et des citations : on en trouve toujours une qui vous donne appui pour un raisonnement, soit pour l’étayer, soit pour en prendre le contrepied.
Donc, savez vous qui a dit : « Est dirigeant celui qui accepte de prendre les risques que les dirigés ne veulent pas prendre » ? C’est Jean Jaurès. Evidemment, ce n’est pas totalement par hasard que je cite aujourd’hui, cette figure tutélaire de la République.
Ce sujet est récurrent aussi en matière de communication. Il y a quelques années, je m’étais posé cette question à l’occasion d’un forum Cap’Com titré « risquer la communication ». Avant d’ouvrir un dictionnaire, j’aurais donc dit : « oui la communication est toujours un risque, mais il faut le prendre ». Sans doute la dictature du fameux « qui ne risque rien n’a rien ».
Or, voici ce que nous indique le dictionnaire (nouveau Petit Robert) pour le mot risque : 1. Danger éventuel plus ou moins prévisible Une entreprise pleine de risques. Les risques d’une aventure, d’une bataille…– Courir un risque : s’exposer à un danger – Loc. C’est un risque à courir : c’est peut-être risqué, mais il faut le tenter. – Courir le risque d’un échec, s’exposer à. 2. (spécial. ; drt) Eventualité d’un événement ne dépendant pas exclusivement de la volonté des parties… 3. Le fait de s’exposer à un danger (dans l’espoir de d’obtenir un avantage). « Le risque est la condition de tout succès » (Broglie)… Prendre un risque, des risques, ses risques : tenter qqch d’osé, sans garantie quant au résultat.
Après lecture plus attentive de ces définitions et un peu plus réflexion sur ce sujet, ma conviction est finalemenr qu’une approche professionnelle de la communication doit servir justement à circonscrire et limiter le risque.
LE risque ? Notion philosophique à laquelle je ne m’attaquerais pas. Evoquons LES risques plutôt.
Car, la communication est tout ce que l’on veut (besoin, envie ou nécessité…) mais elle n’est pas UN risque ; même si, comme toute activité humaine, elle comporte DES risques. Et ils sont nombreux. C’est là que notre rôle, en tant que professionnels, est d’essayer – autant que faire se peut – de les apprivoiser. Pour ma part j’identifie – au moins – trois familles de risques à aborder de diverses manières.
1e Limiter le risque juridique lié aux actions de communication elles-mêmes ; j’en citerais pour mémoire de deux types, ceux liés à la propriété intellectuelle et au droit à l’image, ceux liés à la réglementation de la communication des collectivités en période électorale.
2e Intégrer le facteur risque dans notre communication ; préparer une communication de crise lorsqu’il y a risque avéré ou potentiel sur la santé publique ; anticiper la gestion des délais dans les grands projets (gestion des retards pour parler clairement – et d’ailleurs, quel est le contraire de « retard » : « avancée ? » J’ai rarement été embarrassé par une « avancée » de chantier). Sur ces questions, – outre la compassion préalable – le respect des principes de transparence, de réactivité et de responsabilité » est la seule attitude possible, le seul risque à courir.
3e Prévoir le risque de l’échec, car si la communication doit être construite, elle n’est pas pour autant une science dure ; agissant avec et pour des hommes et des femmes, nous nous devons d’anticiper des résultats relatifs, voire des échecs.
Concluons avec une double formule : communiquer n’est pas risquer et est toujours moins risqué que de ne pas communiquer.