Pas très sport les articles qui ces jours-ci donnent déjà perdante la candidature de Annecy à l’organisation des JO d’hiver de 2018. Trop tard ou trop tôt. Dans la dernière ligne droite d’une compétition, l’envie (le devoir ?) de supporter doit prendre le pas sur l’esprit d’analyse. Il sera toujours temps, après, de revenir sur les raisons du succès ou de l’échec. Aujourd’hui, croisons les doigts pour que le CIO, qui se réunira mercredi prochain à Durban, retienne la ville alpine qui porte l’étendard de toute la Haute-Savoie et notamment de Chamonix, capitale historique de l’alpinisme où se déroulèrent les premiers JO d’hiver en 1924.
Bien sûr, le monde est ce qu’il est. Le choix des villes pour organiser les grandes compétitions répond à des raisons qui peuvent nous échapper. L’exemple le plus flagrant et le plus récent en est l’attribution de la coupe du monde de football 2022 au Qatar. Une compétition dans un pays sans histoire footballistique, avec peu de public et dans des stades climatisés… cherchez l’erreur.
La candidature d’Annecy n’a pas été un chemin semé de roses. La gouvernance du dossier, écartelée entre Paris et les acteurs locaux, n’était pas claire. Révélatrice d’une organisation administrativo-économique française perfectible ? Sans doute.
Le choix appartient désormais aux 115 membres du CIO. Les critères qui fonderont leur décision sont nombreux et complexes. Annecy (210 000 habitants) est opposée à deux excellents dossiers. D’un côté, la petite ville des montagnes coréennes Pyeongchang (48 000 habitants) et de l’autre, l’allemande et bavaroise Munich (1 326 000 habitants). La persévérance coréenne, candidate pour la troisième fois consécutive, sera-t-elle récompensée ? Ou le poids économique de la capitale de l’une des plus riches et dynamiques régions européennes sera-t-il prépondérant ? Depuis plusieurs années, la tendance est de désigner, même pour les jeux d’hiver, des capitales. Petit rappel : 2000 Sydney, 2002 Salt Lake City, 2004 Athènes, 2006 Turin, 2008 Pékin, 2010 Vancouver, 2012 Londres, 2014 Sotchi, 2016 Rio… avantage Munich. Mais il faut aussi prendre en compte des considérations d’alternance entre les continents (depuis l’an 2000 : trois fois dans les Amériques, quatre fois en Europe, une fois en Asie, une fois en Océanie)… avantage Pyeongchang. Sans évoquer d’éventuelles pratiques que la morale réprouve, n’oublions pas non plus, au chapitre des éléments de décision, les négociations ou alliances en vue de candidatures ultérieures.
Les dés roulent…